Entre les communes de Saint-Etienne-du-Rouvray et de Sotteville-lès-Rouen, le champ de courses des Bruyères – aujourd'hui propriété de la ville de Rouen - a été pendant près de cent quarante ans un haut lieu du sport hippique en France et le plus important champ de courses de notre agglomération.
De la forêt au champ de course
Jadis, la forêt du Rouvray - qui doit son nom au chêne rouvre qui en constituait l'essence principale et remarquable - s'étendait jusqu'à la Seine. À partir du XIIème siècle, elle commence à reculer sous les assauts des moines appartenant aux congrégations religieuses installées sur la rive gauche, qui défrichent avec ardeur. Présentant peu d'intérêt du point de vue agricole en raison de la pauvreté des sols, les terrains laissés à nu par la déforestation servent principalement pour le pâturage des animaux jusqu'à la Révolution française ; ils appartiennent alors en indivision aux habitants des paroisses de Petit et Grand-Quevilly, Saint-Etienne-du-Rouvray, Sotteville-lès-Rouen, Petit-Couronne, ainsi qu'aux bouchers de la ville de Rouen.
La Révolution marque le début d'un nouveau recul du massif forestier, et l'emplacement du futur champ de courses, encore recouvert par la forêt au début du XVIIIème siècle, est entièrement déboisé un siècle plus tard. Gagnés sur la forêt, ces terrains - que l'on appelle alors Bruyères Saint-Julien - sont mis en culture à partir de 1794, mais sans guère de profit. Il faut attendre les lendemains de la Première Guerre mondiale pour voir disparaître progressivement ces terrains agricoles. Toutefois, le champ de courses des Bruyères demeure un îlot de nature préservé face à l'urbanisation du quartier du Madrillet.
Le temple de l'hippisme
Avant d'être consacré aux courses hippiques, le site du l'hippodrome des Bruyères est utilisé par les militaires pour les manœuvres de cavalerie. La première compétition hippique se déroule le 23 mai 1861. Trois ans plus tard, la visite de Napoléon III est l'occasion de développer la notoriété de l'hippodrome, notoriété qui ne cessera de se renforcer au fil des années un dicton affirmait même que « qui gagne à Rouen peut gagner à Vincennes ». En 1887, le champ de courses s'étend sur 25 hectares. Il se compose d'une piste de 1700 m pour les courses d'obstacles, une piste de 1592,50 m destinée aux courses de plat et de trot et une troisième pour l'entraînement.
Afin d'accueillir le public et les parieurs dans les meilleurs conditions des tribunes sont aménagées sous le Second Empire. Couvertes en bois, elles offrent une excellente visibilité sur les pistes. Ces installations sont complétées au tournant du XXème siècle par des gradins en béton afin d'accroître les capacités d'accueil, alors que les spectateurs se pressent particulièrement nombreux les jours de derby. Ce succès hippique et populaire cède la place aux réalités de la guerre pendant les deux conflits mondiaux, qui voient l'hippodrome réquisitionné pour le cantonnement des armées tant alliées qu'allemandes, et même transformé en camp de prisonniers de guerre français après la débâcle militaire de 1940.
Hormis pendant ces deux parenthèses, l'hippodrome attire – notamment les jours de paris ! - un public nombreux venu des communes alentours pour admirer le spectacle des courses. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le lieu n'est plus réservé aux seuls chevaux et jockeys : la piste en herbe (pour le galop) et la piste en schiste rouge (pour le trot) sont rejointes par une vingtaine de terrains de football et de rugby, installés dans la partie centrale du champ de courses. À partir des années 1990 cependant, la vétusté des installations vient remettre en cause l'avenir hippique du site. Seul le trot continue de se pratiquer aux Bruyères, et en 2004, c'est la dernière course. L'année suivante, le vieil hippodrome ferme ses portes au profit de celui de Mauquenchy près de Forges-les-Eaux.
Texte de M.CroguennecLe champ de courses de 2005 à 2013
Aujourd'hui, riverains, usagers du site et habitants de l'agglomération s'interrogent sur le devenir de l'ancien hippodrome des Bruyères, qui fait partie de notre environnement.
Depuis 2005…
- 2005 : transfert des courses hippiques à Mauquenchy.
- Acquisition d'une culture commune par la Métropole et les communes (Rouen, Saint-Étienne-du Rouvray, Sotteville-lès-Rouen) dans le domaine des grands parcs urbains pour imaginer ce que pourra être le champ de courses demain, grâce à des visites de projets et de réalisations en France et à l'étranger.
- À l'issue d'une étude menée par deux paysagistes en 2007, l'émergence d'un souhait partagé : la vocation de parc de nature et de détente, avec une identité forte et un rayonnement à l'échelle de l'agglomération.
- De nombreuses associations se sont mobilisées et contribuent à la réflexion autour du devenir du champ de courses ; leur travail a porté sur la biodiversité, la reconversion de l'ancien hippodrome en parc naturel urbain, l'implantation d'un projet d'agriculture urbaine bio….
- Il faut au préalable restituer la fonctionnalité des terrains de sport de la ville de Rouen :
- - afin de permettre à toutes les associations utilisant ces terrains de pouvoir continuer leur pratique sportive,
- - en réduisant le nombre des terrains de manière à libérer de l'espace pour la réalisation du parc.
Et maintenant ?
Aucune proposition n'est aujourd'hui arrêtée : le parc est à imaginer ensemble.
D'octobre à décembre 2013, la Métropole organise une concertation pour :
- poursuivre collectivement les réflexions engagées
- connaître les besoins et les attentes du public le plus large possible
- construire ensemble un projet fédérateur
Toutes les contributions sont attendues pour enrichir le projet et définir les grandes orientations du futur parc !