
Loin de l’image du thérapeute assis derrière son bureau, Flora Lévy est une psychologue de rue. Un métier atypique et encore peu connu qu’elle exerce depuis un an à l’association de prévention spécialisée Rebond 3 A (ASPIC, AFPAC, APER). La psychologue va à la rencontre des jeunes de 11 à 25 ans et leur famille, dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) à Saint-Étienne-du-Rouvray et Darnétal. “Les éducateurs spécialisés sont connus par les habitants. Ils m’accompagnent lorsque je vais voir les jeunes. C’est grâce à eux que je peux travailler. Ma mission consiste à aller vers ceux qui sont en situation de vulnérabilité, de marginalisation ou déscolarisés et en marge des structures de soin. Il faut repérer d’éventuelles fragilités psychologiques et offrir à ceux qui le souhaitent un espace de parole gratuit et individuel."
Ce dispositif est financé par l'État et la Métropole au titre de la stratégie de lutte contre la pauvreté, au sein de leur contrat local des solidarités. L’idée est de toucher des publics jeunes qu’elle ne verrait pas forcément si elle restait dans son bureau. Depuis un an, la psychologue crée du lien avec les jeunes des quartiers. "Le lien est lent à construire. Il y a plusieurs blocages. Il faut déjà qu’une confiance s’installe. C’est toujours compliqué de livrer de l’intime à une personne inconnue et d’accepter de réfléchir sur soi. Il y a un autre frein qui est celui de l’image que renvoie le psychologue. Pour les jeunes, le psy c’est uniquement pour les fous. Il y a aussi un effet de groupe. Ils ne veulent pas être mal vus ou apparaître faibles." Aujourd’hui, les jeunes sollicitent la psychologue. Ils font la démarche pour demander un rendez-vous. "Je suis individuellement une dizaine de jeunes sur chaque commune."