Marie-Laure Lepage, alias Madame Carreaux, fabrique et reproduit des carreaux de ciment de manière artisanale. Un savoir-faire né en France vers 1850 en Ardèche, avant de tomber dans l’oubli, désormais perpétré principalement au Maroc.
“Mon père était bricoleur, je voyais enfant tourner la bétonneuse. J’ai toujours aimé cette matière. Mais à l’époque, maçon n’était pas un métier pour les femmes.” Après un parcours de diététicienne, le Covid frappe à la porte d’une quête de sens. “J’avais besoin de laisser une trace durable.” Regardant des vidéos sur YouTube, Marie-Laure sent que la fabrication est à sa portée de main. Elle part se former auprès d’un des trois rares fabricants de carreaux de ciment en France, dans le Berry, qu’elle complète par un séjour au Maroc. Elle devient ainsi l’unique femme dans ce secteur.
Mais le climat de Roncherolles-sur-le-Vivier, où elle a installé son atelier, n’est pas le même que dans le Sud. L’alchimie du sable, de la poudre de marbre, des pigments et de l’eau ne prend pas. Fissures, auréoles. “Il a fallu que je trouve ma propre recette.” Et son style s’est ainsi fait, au gré d’une répétition du geste parfait.
Chaque carreau, réalisé à la main, est un travail sur-mesure à travers des séries de pochoirs. Ce sont des diviseurs, traditionnellement confectionnés en laiton, qu’elle modernise grâce à l’impression 3D, ce qui lui permet de façonner toutes sortes de motifs, laissant libre court à son imagination et celle de ses commanditaires.
Son talent est repéré et soutenu par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat et par la Métropole, grâce à des formations et des salons de l’excellence.